Comme naguère Jean Jacques Rousseau dénonçait le scandale d’une société fondée sur l’inégalité, avec la même clarté, et un bonheur d’écriture que seule peut inspirer la passion du juste, Aimé Césaire prend ses distances par rapport au monde occidental et le juge.
Ce discours est un acte d’accusation et de libération. Sont assignés quelques ténors de la civilisation blanche et de son idéologie mystifiante, l’Humanisme formel et froid. En pleine lumière sont exposées d’horribles réalités : la barbarie du colonisateur, le malheur du colonisé, le fait même de la colonisation qui n’est qu’une machine exploiteuse d’hommes et déshumanisante, une machine à détruire des civilisations qui étaient belles, dignes et frater- nelles. C’est la première fois qu’avec cette force est proclamée, face à l’Occident, la valeur des cultures nègres.
Mais la violence et la pureté du cri sont à la mesure d’une grande exigence ce texte chaud, à chaque instant, témoigne du souci des hommes, d’une authentique univer- salité humaine. Il s’inscrit dans la lignée de ces textes majeurs qui ne cessent de réveiller en chacun de nous la générosité et la lucidité révolutionnaires.
Le Discours sur le colonialisme est suivi du discours sur la Négritude, qu’Aimé Césaire a prononcé à l’université internationale de floride (miami), en 1987.